Pour la première fois depuis trois ans, le Fonds monétaire international (FMI) a revu à la hausse sa prévision de croissance mondiale de 3,4 à 3,5 % pour 2017. Cette révision tient en grande partie à celle concernant la Chine dont la prévision passe de 6,2 à 6,6 % en 2017. Après 6,7 % en 2016, la plus faible performance du pays depuis 26 ans. C’est la production industrielle qui permet au FMI d’être plus optimiste pour la Chine. Cette évolution est importante car la croissance doit atteindre au moins 6,5% par an sur la période 2016-2020 pour que soit tenu l'objectif officiel d'un doublement du revenu par habitant par rapport aux niveaux de 2010.
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A Pékin, des ouvriers devant une affiche de propagande vantant le «rêve chinois» |
C’est aussi un signal positif et apprécié par les marchés, car de nombreux observateurs
sont inquiets et appréhendent une grave crise chinoise à cause de :
- L’endettement public et
privé record du pays, 255% du PIB en 2015, contre 184% en Allemagne
- Ses bulles immobilières
alimentées par des baisses régulières du coût du crédit depuis 2014, et par la
mise sur le marché par la Banque centrale d’énormes liquidités
- Les difficultés de ses entreprises
publiques
- La fragilité des banques
avec d’importantes créances irrécouvrables
- D’importantes sorties
de capitaux. Après avoir culminé à près de 4.000 milliards$ en 2014, les
réserves de changes du pays sont tombées à moins de 3.000 milliards$…
Selon
une étude du FMI intitulée «Perspectives économiques mondiales», et
publiée en octobre dernier, un crash de l'économie chinoise entraînerait une
baisse totale de 1,5 % du PIB mondial. La Chine représente 17,3% du PIB mondial en
parité de pouvoir d'achat. De nombreux pays
seraient durement touchés par une crise chinoise :
- Cinq pays riches en
ressources naturelles, Australie, Brésil, Canada, Nouvelle-Zélande et Russie
sont dépendants de la Chine du fait de l'utilisation intensive des matières
premières
- Six pays asiatiques,
Corée du Sud, Indonésie, Japon, Philippines, Taiwan et Thaïlande, ont le marché
chinois comme débouché majeur.
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Li Keqiang |
L’Empire
du Milieu dispose de la stratégie et de la volonté nécessaires de se
transformer. La
feuille de route macro-économique de la Chine pour 2017 a
été dernièrement rappelé par le premier ministre chinois, Li Keqiang :
- Assurer
une bonne marche de l'économie, avec une politique budgétaire proactive. 355 milliards€
dans des projets ferroviaires, d'autoroutes et de voies fluviales. L'objectif
de déficit budgétaire est maintenu à 3 % du PIB pour 2017, inchangé par rapport
à l'an dernier. Déjà en 2008, les autorités avaient lancé un
plan de relance de 461 milliards€, en partie responsable des surcapacités de
l’industrie chinoise.
- Améliorer
la qualité de la croissance pour qu’elle soit moins énergétivore et
préjudiciable à l’environnement, et assurer
une réorientation du modèle de développement chinois en une société de
consommation basée sur les services, capable de déjouer les grosses difficultés
cycliques. Les services qui représentaient plus de la moitié du PIB en 2016, et
par la consommation des ménages, en hausse de 10,4 % en 2016
- Inciter
les banques à financer les firmes privées plutôt que les groupes publics et les
placements spéculatifs
- Prévenir
la bulle immobilière, avec une politique monétaire plus prudente. L'objectif
d'inflation des prix à la consommation a été maintenu à un niveau inchangé de 3
% pour l'année.
- Limiter
les surcapacités de production d’acier de 50 millions de tonnes en 2017,
et de 150 millions de tonnes de charbon
- Lutter
contre la corruption, ce qui a entraîné la mise à l’écart de nombreux
dirigeants, voire barons du régime et une concentration du pouvoir
Mais,
la situation des sociétés d’État n’a
pas évolué. Très endettées, elles sont prédominantes dans de nombreux secteurs
stratégiques, l’énergie, la défense ou les télécommunications. Certaines
d’entre elles sont déficitaires et ne s’en sortent que par les subventions
publiques. Les autorités encouragent les fusions, comme celle qui a donné
naissance, en décembre 2016, au Baowu Steel Group, le second mondial de
l’acier. À la fin des années 90, des millions d’emplois ont disparu dans
des regroupements.
Pour limiter le
coût social des fermetures, fusions, et réductions des capacités, les autorités
ont mis en place des programmes de formation et placement des employés
victimes, un demi-million de Chinois pour 2017. Espérons que ce rebond soit
durable. Il en va de la croissance de l’économie mondiale.
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