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mardi 18 avril 2017

Le tourisme et Israël



LE TOURISME ET ISRAËL

Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps


           
Eilat
        Le paradoxe du tourisme en Israël tient au fait que parallèlement à l’augmentation des visiteurs étrangers, de nombreux Israéliens sont amenés à passer leurs vacances à l’étranger, pour le dépaysement certes, mais aussi pour des raisons financières. Le shekel bat en effet tous les jours des records en raison d’une économie en plein essor qui, sur le plan intérieur, pénalise cependant les classes moyennes et défavorisées. Le coût de la vie a augmenté, aussi bien pour les hôtels que pour la vie de tous les jours.


Nazareth

            Il en résulte qu’avec un shekel fort, les Israéliens ont intérêt à éviter les séjours locaux souvent à des prix excessifs et profitent donc de tarifs compétitifs à l’étranger. Par exemple, la centenaire et réputée «entrecôte de Paris» avec sa salade aux noix, sa sauce exclusive et ses frites à volonté ne coûte que 26 euros soit 100 shekels, service compris, défiant toute concurrence avec les restaurants de bas de gamme à Tel-Aviv. 
          Les prix des denrées alimentaires sont au moins 20% plus chers en Israël. Le gouvernement a pourtant les moyens d’intervenir en jouant sur le taux de tva qui est de 10% en France et de 17% en Israël pour tout ce qui concerne l’alimentation. Quant aux prix dans les îles voisines de la Méditerranée, la comparaison est dramatique au détriment d’Israël. 
Ile de Santorin

            Il ne faut donc pas s’étonner qu’il y ait eu près de 7 millions d’Israéliens qui ont choisi cette année les vacances à l’étranger, en hausse de 15% par rapport à 2015 et de 62% en 2012. Les prix des hôtels ont fortement augmenté alors que les salaires israéliens ont stagné, loin des mêmes proportions ; ils sont même inférieurs à la moyenne de l’OCDE. Les exemples concrets sont dissuasifs. Une famille de quatre personnes en vacances à Eilat paiera 3.000 dollars (11.000 shekels) pour cinq jours de séjour contre 1.000$ (3.600 shekels) dans un hôtel cinq étoiles à Chypre en pension complète. Cela explique aussi pourquoi, malgré le danger, de nombreux vacanciers israéliens prennent le risque de se rendre au Sinaï. Israël a dû fermer la frontière de Taba pour dissuader les récalcitrants qui se sont quand même rendus avec femmes et enfants.
Vidéo surveillance


          À la décharge des hôteliers israéliens, il faut leur rendre justice car ils supportent des frais dont leurs concurrents étrangers sont dispensés. D’abord les dépenses de cacheroute et de surveillance rabbinique qui sont obligatoires en Israël et très élevés.  Ensuite les charges sociales n’ont pas de comparaison avec celles qui ont cours en Grèce et qui ne sont pas souvent dues. Enfin, les hôteliers doivent garantir à leurs clients une sécurité totale qui coûte d’autant plus chère qu’elle doit être discrète pour ne pas alarmer les touristes. On ne place pas des tanks ou des militaires armés jusqu’aux dents dans les hôtels, comme en Egypte, mais des appareils de surveillance sophistiqués avec des opérateurs souvent issus des services de renseignements de l’armée, payés à prix d’or.

Bethléem

            Cela ne dissuade cependant pas les étrangers de visiter Israël puisque leur nombre a augmenté de 22%. Il y a bien sûr l’attraction du soleil et des belles plages, l’exotisme des villes historiques et l’envoûtement des lieux de pèlerinages. Mais les statistiques démontrent que ces touristes dépensent moins sur place, pénalisant ainsi les commerces, les magasins, les restaurants et les souks. Cette augmentation de touristes a été facilitée par la libération du ciel libéralisation du trafic commercial aérien en Israël qui a permis une concurrence rude entre compagnies aériennes.
            Le tourisme est un élément important, une industrie qui représente une part croissante dans l’économie israélienne, générant près de 10 milliards d’euros au produit intérieur brut et donnant des emplois à près de 200.000 personnes. Les radios locales ont été sensibilisées par ces augmentations de coût et se sont faites les porte-paroles des touristes pour défendre les tarifs prohibitifs, en vain.
            Malgré cela, le record de 2013 de 3,54 millions de touristes sera battu cette année. Ils n’étaient que 3 millions de touristes à fouler le sol israélien en 2016. Ils ont déjà été 739.000 au premier trimestre 2017 en hausse de 24% par rapport à l’an dernier, ce qui a généré 5.000 nouveaux emplois. Le tourisme religieux est lui-aussi en forte augmentation.

            Mais ces résultats sont la conséquence d’une importante action du ministère israélien du tourisme qui a lancé une grande campagne et trouvé un moyen de réduire les coûts des voyages. Il a offert un bonus financier aux compagnies qui atterrissaient à l'aéroport d'Ouvda dans le Néguev, à une trentaine de kilomètres d’Eilat en attendant l’ouverture du nouvel aéroport international Ramon à la fin de 2017, avec des vols de 40 minutes vers Tel-Aviv. Le nouvel aéroport Ramon est situé dans la vallée de Timna, et en dehors de son bel emplacement, il promet d'être l'un des plus beaux aéroports jamais vus, qui pourra absorber 2 millions de passagers par an et soulager l’aéroport Ben Gourion, à certaines périodes saturées.
Antalya en Turquie


            Les îles grecques profitent du shekel fort qui leur apporte des flots d’Israéliens, à longueur d’année. La Turquie, qui était une destination recherchée en Israël, n’a pas retrouvé ses habitués juifs car seuls les Arabes israéliens ont maintenu leurs voyages parce qu'ils se sentent mieux dans un pays musulman qui respecte les règles du hallal.     

1 commentaire:

Etienne Gotschaux a dit…

Article intéressant.
Juste une remarque : à la place de "libération du ciel israélien" (heureusement libre),
il conviendrait d'écrire : "libéralisation du trafic commercial aérien en Israël).
Bien cordialement.
Etienne Gotschaux