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dimanche 5 mars 2017

Le président libanais Aoun fait allégeance au Hezbollah



LE PRÉSIDENT LIBANAIS AOUN FAIT ALLÉGEANCE AU HEZBOLLAH

Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps



           
          L’ancien général chrétien, Michel Aoun, a été élu président du Liban par un vote du Parlement, le 28 octobre 2016, après deux ans de blocage politique. Il doit son élection à un improbable accord entre le Hezbollah, les Chrétiens et le clan Hariri. Ce vote mettait fin à un vide institutionnel après plus de deux années de profondes divisions politiques et confessionnelles au sein du pays.




            Le 12 février 2017, pour une interview au journal égyptien al-Ahram, le président a revêtu ses habits militaires pour confirmer officiellement le rôle du Hezbollah comme fondement de la défense du Liban. Cette prise de position a une implication directe sur la sécurité d’Israël. Il a ainsi déclaré sans détour ni propos alambiqués: «Le Hezbollah est une partie importante du peuple libanais. Tant qu'Israël occupe la terre et convoite les richesses naturelles du Liban, et aussi longtemps que l'armée libanaise n'a pas le pouvoir de se mesurer à Israël, les armes du Hezbollah sont essentielles. Elles se complètent, plutôt que de contredire l'activité de l'armée. Les armes du Hezbollah ne contredisent pas le projet national et sont, au contraire, un élément principal de la défense du Liban».
            Il n’y a pas lieu de s’étonner de telles déclarations d’un dirigeant qui s’est comporté comme une girouette en fonction de la tournure des événements. Refusant la tutelle d’une Syrie omniprésente à Beyrouth, il s’était exilé pour poursuivre son combat depuis l’étranger mais au final, au lieu d’être de Gaulle il a chaussé les bottes de Pétain dans la collaboration avec Bachar al-Assad. Le comble est qu’il doit d’ailleurs sa nomination au feu vert du Hezbollah et de l’Iran qui avaient rejeté toute autre candidature. Israël doit à présent tenir compte dans sa stratégie sécuritaire des nouvelles perspectives liées à la relation entre l’État libanais et la milice chiite.
armée libanaise

            La déclaration du nouveau président est en effet en contradiction avec la résolution 1701 du Conseil de Sécurité qui délègue aux forces armées libanaises le suivi de cette résolution. En effet, le gouvernement libanais, avec l'aide de la FINUL, doit œuvrer pour «l'établissement entre la ligne bleue et le fleuve Litani d'une zone libre de tout personnel armé, biens et armes autres que ceux du gouvernement libanais et de la FINUL et vers l'application intégrale des dispositions pertinentes des Accords de Taëf et des résolutions 1559 (2004) et 1680 (2006), qui nécessitent le désarmement de tous les groupes armés au Liban, de sorte que, conformément à la décision du Gouvernement libanais du 27 Juillet 2006, il n'y aura pas d'armes ni d'autorité au Liban autres que celle de l'État libanais».
Finul

            Mais au lieu de s’armer, de se réorganiser, d’entraîner les conscrits et d’augmenter sa puissance de frappe, l’armée libanaise s’est affaiblie et a permis à la milice chiite de devenir plus forte que l’État jusqu’à subir sa loi, souvent par la force. Le Hezbollah avait déjà terrorisé le gouvernement en utilisant sa force militaire en 2008. Des affrontements s’étaient déroulés principalement entre le 7 et le 14 mai 2008 à Beyrouth et dans plusieurs régions du Liban, entre l’armée et le Hezbollah qui avait mis en ordre de bataille sa branche armée, proche des Gardiens de la révolution iraniens et du parti Baas syrien.
            La milice chiite a neutralisé le contrôle de l'armée libanaise et de la FINUL au Sud-Liban qu’elle a fortement militarisé ; elle a construit une vaste infrastructure militaire souterraine et en surface dans tout le Liban ; elle a conçu une politique étrangère et de défense indépendante, calquée sur celle de Téhéran ; elle s’est engagée dans la guerre de Syrie aux côtés de son suzerain iranien. Le Hezbollah avait longtemps paralysé le processus de nomination du président, pour mettre à genoux les partis afin d’imposer ses exigences. Aoun n’a fait que confirmer l’état de fait qui s’est installé au Liban reconnaissant la place prépondérante du groupe chiite. 
Hezbollah et armée libanaise réunis

        L'ancien général représente en fait la marionnette dont les ficelles sont manipulées par les barbus iraniens. Il ne se rend pas compte que pour obtenir et garder sa place il est obligé de jouer avec le feu, en se positionnant comme président-guerrier, sans moyens militaires et sans mesurer les conséquences pour son pays. Sa déclaration conforte l’idée que les conventions diplomatiques n’ont plus cours dans la région. Il cautionne ouvertement le Hezbollah, qualifié d’organisation terroriste par la plupart des pays occidentaux. Il met surtout fin à l’illusion que l’État contrôle la défense de son pays. Par cette prise de position officielle, les actions du Hezbollah contre Israël deviennent la responsabilité du président libanais avec une conséquence grave pour la population libanaise puisqu’il a avoué que son gouvernement n’avait pas la capacité de contrôler les actes de la milice chiite.
Obsèques d'un milicien hezbollah

            Le réchauffement du front nord est une donnée de plus en plus présente dans la stratégie du Hezbollah pour rehausser son prestige après les nombreuses pertes de combattants en Syrie. Cela risque de mener à une confrontation directe qui, cette fois, sera directement imputée au gouvernement libanais par les Israéliens. Aoun valide la thèse selon laquelle le Liban est responsable des actions du Hezbollah. Israël veut encore croire à cette paix froide qui perdure depuis 2006 avec quelques incidents mineurs mais il n’a pas caché sa détermination qu’en cas de guerre imposée par le Hezbollah, les infrastructures du Liban seraient détruites. La liste précise a d’ailleurs été communiquée au gouvernement dans un but de dissuasion. Israël n’a aucune intention de guerre avec son voisin mais il se prépare à toute éventualité.
            Cependant un nouvel élément est intervenu depuis 2006. De nombreux pays sunnites dialoguent avec Israël et collaborent même dans le cadre d’une large coopération régionale. Il n’est donc pas certain qu’ils viendront au secours du Liban si le Hezbollah  prenait la décision dramatique de provoquer leur voisin. Israël trouvera alors une justification dans d’éventuelles destructions puisqu'il estime que les infrastructures du Liban sont mises à la disposition du Hezbollah pour soutenir les efforts de guerre de la milice.
Usine d'électricité

            Tsahal a déjà diffusé ses plans de destruction qui n’auront rien à envier à ceux de Gaza, ramené en un mois à l’âge de la pierre après l'envoi de milliers de missiles sur le sud d'Israël. Le Liban devrait pourtant savoir que les destructions sont un terrain fertile contre le gouvernement, pour le développement de la violence et surtout pour l’entrée en scène de l’extrémisme. La Syrie en est l’exemple le plus frappant.

            Le président Aoun surestime sa puissance car il n’est pas en mesure de contrôler les velléités du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui a pris des risques dans son discours du 16 février 2017 en menaçant de frapper les réservoirs d’ammoniac d’Israël et le réacteur nucléaire de Dimona. Ces attaques signeraient la fin du Liban en tant que structure encore humaine. Le Hezbollah surestime aussi sa force. Il n’est plus le même que du temps où il se bornait à une guerre de guérilla qui rendait ses agents difficiles à localiser parce qu’ils se fondait dans la population. Il a perdu les avantages de la petitesse, le secret et l'agilité d'une organisation de guérilla et son statut de bouclier du Liban à la pointe de la «résistance» à Israël, puisqu’il s’est lancé dans les champs de bataille de la Syrie. Il a voulu grandir comme une véritable armée mais il devient plus attaquable.
            Il a acquis ses lettres de noblesse grâce à ses combats en Syrie mais ses structures sont devenues plus visibles et plus vulnérables. À vouloir renforcer son déploiement militaire à grande échelle dans les villages chiites, il devient une cible facile pour Israël. Pendant que le Hezbollah se battait en Syrie et comptait ses milliers de morts, Israël a amélioré ses collectes d’informations au Liban, a installé des matériels d’écoutes et de vidéos, a détruit les convois d’armement en provenance de Syrie et a infiltré les structures vivantes au sein même de la milice.
Char du Hezbollah

            Aoun a supprimé tout dilemme aux Israéliens qui craignaient les dégâts collatéraux et les critiques politiques d’une éventuelle intervention de grande envergure contre les cibles militaires du Hezbollah, avant qu’Israël ne subissent de dégâts irréversibles. La milice chiite, par la voix du président libanais, est devenue partie intégrante des moyens sécuritaire du pays, donc une cible militaire. Elle devra payer les conséquences de son installation dans des zones peuplées de civils. En transformant des zones de résidences en zones militaires truffées d’armement de destruction, le Hezbollah les condamne en cas de conflit à être réduits en cendres ou en ruines.
            Le langage belliqueux du président Aoun, face au silence prudent d’Israël, ne correspond pas aux moyens militaires du Liban. Alors qu'Israël se montre très discret et non menaçant, Aoun prévoit «une réponse appropriée à toute tentative de nuire au Liban et sa souveraineté». Cette réponse ne viendrait certainement pas de son armée, plutôt pacifique et mal pourvue en armements, mais certainement d’un Hezbollah en mal de victoires concrètes face aux revers qu’il subit en Syrie. Le discours de Aoun sonne comme un encouragement à la milice terroriste d’agir, en s’appuyant sur le sceau officiel d’approbation du président, pour se lancer dans l’aventure au-delà de ses frontières.

            Michel Aoun a eu le tort de rejoindre le chef du Hezbollah Nasrallah dans ses menaces contre l'État juif. Sa stratégie politique n’étonne plus la communauté internationale puisqu’il a été le seul dirigeant à recevoir en grandes pompes Marine Le Pen. On devine ses préférences politiques. Il a d’ailleurs été critiqué par la nouvelle administration américaine. Alors que le Liban se reconstruit tranquillement, que les buildings poussent sur les anciennes ruines, que les affaires économiques reprennent, que les exilés reviennent au pays, que les traces des précedentes guerres ont totalement disparu, que la petite Suisse du Proche-Orient renaît, le nouveau président opte pour un conflit ouvert avec Israël. Un véritable suicide programmé.  

1 commentaire:

Jean CORCOS a dit…

Michel Aoun est un félon doublé d'un mégalomane. Son parti, le RPL, fédère les plus antisionistes des Chrétiens du Liban, et reprend texto les publications iraniennes ou du Hezbollah ; haine rabique contre Israël, théories du complot, on trouve tout cela sur leur site, que je suis depuis longtemps : http://rplfrance.org/