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vendredi 29 janvier 2016

Nouvelle ville druze en Galilée



NOUVELLE VILLE DRUZE EN GALILÉE

Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps

            
sanctuaire de Nabi Shu'ayb
          C’est une première en Israël ; le gouvernement israélien a autorisé la création d’une nouvelle ville en Galilée, à l'intention de la communauté druze. Les constructions s’effectueront autour des deux villages arabes de Hittin et de Nemrine. Le village de Hittin, situé 8 kilomètres à l'ouest du Lac de Tibériade, a un grand passé historique puisqu’il fut le lieu d’une bataille en 1187 durant laquelle Saladin a conquis des terres sur les Croisés, devenant ainsi un symbole nationaliste arabe. 




Mosquée Hittin

          Le choix s’est porté sur cette région car le sanctuaire de Nabi Shu'ayb, vénéré par les Druzes, est sur les terres du village. Le tombeau du druze et 14ème prophète islamique Shu'ayb, est traditionnellement identifié avec le personnage biblique Jethro, beau-père de Moïse et père de sa femme Tsiporah.  Le village a été abandonné à la suite de la guerre de 1948. Ses habitants ont rejoint les camps de réfugiés au Liban, en Syrie, en Jordanie, à Tulkarem et à Naplouse.
          Il pourrait paraître étonnant qu’Israël favorise le communautarisme mais entre dans les traditions du peuple druze qui professe une religion musulmane hétérodoxe, fondée sur l’initiation philosophique ; elle est considérée comme une branche ismaélienne du courant musulman du chiisme. Cette secte se distingue des autres musulmans avec lesquels les relations sont souvent houleuses. Leur doctrine est dérivée de l’ismaélisme et constitue une synthèse du mysticisme musulman et de la pensée coranique. Courant monothéiste par excellence, il insiste sur l’unité absolue de Dieu. 
Président Rivlin en visite chez les Druzes

          La religion, qui ne comporte ni liturgie et ni lieux de culte, reste très secrète et n’est révélée aux fidèles qu’après divers degrés d’initiation. Cette discrétion était imposée en raison des exactions qu’ont subies les membres de cette communauté de la part des autres musulmans, et même des chrétiens. De simples locaux abritent les lieux de prière, sans minaret, sans fioritures ni décorations murales et il n’existe aucune hiérarchie religieuse parmi les imams.
            Les Druzes, rejetant la Charia et les obligations rituelles qui en découlent comme le jeûne du ramadan, sont devenus suspects à la fois aux yeux des Chiites que des Sunnites. Bien que ces petites communautés soient disséminées autour de plusieurs frontières, elles représentent une société écoutée par les gouvernements dont elles dépendent. Leur propension à la révolte et leur esprit d’indépendance leur permet de constituer un groupe de pression efficace. Leur religion se distingue des autres parce que les conversions ne sont pas admises et que la monogamie est exigée. L’absence de prosélytisme rend ainsi les Druzes pacifiques car ils veulent rester entre eux dans leur milieu, sans chercher à attirer de nouveaux adeptes.
Safwan, colonel druze

            En tant que minorité dans un État démocratique, leur doctrine leur impose de donner beaucoup au pays qui les héberge parce qu’ils n’ont pas de revendication territoriale, comme d’autres la Mecque ou Jérusalem. C’est pourquoi les Druzes s’engagent militairement pour défendre leur pays, celui où ils vivent.  Les Palestiniens sont des étrangers pour eux. L’histoire de leurs persécutions les pousse à être forts pour se défendre ce qui explique que 30% de leurs jeunes s’engagent dans l’armée car elle symbolise la force. Bien qu’ils soient très intégrés dans la société israélienne, ils restent hantés par les persécutions qu’ils ont subies de la part des autres musulmans et préfèrent donc vivre entre eux, de préférence dans les collines faciles à défendre,  comme s’ils avaient encore besoin de se protéger des étrangers.
            Les Palestiniens s’élèvent contre ce projet de ville fait selon eux pour les diviser alors que les Druzes eux-mêmes sont pour cette séparation. Le premier ministre salue ce projet : «pour la première fois depuis l’établissement de l’État, nous allons construire un nouveau village druze. Ceci fait partie de multiples activités entreprises en faveur des citoyens druzes». Le projet comportera la construction de 400 unités résidentielles pour les familles des soldats et des officiers druzes à la retraite. Le village sera habité dans un premier temps par 2.500 personnes qui seront rejoints par d’autres Druzes dans le cadre de projets économiques et agricoles et fort probablement par les jeunes couples qui se trouvent à l’étroit dans les villages actuels.


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