LE BEST-OF DES ARTICLES LES PLUS LUS DU SITE, cliquer sur l'image pour lire l'article


 

dimanche 24 août 2014

ISRAËL RENOUE AVEC LES ÉLIMINATIONS CIBLÉES



ISRAËL RENOUE AVEC LES ÉLIMINATIONS CIBLÉES

Par Jacques BENILLOUCHE

copyright © Temps et Contretemps


            

          
          Devant l’entêtement du Hamas à signer un accord de cessez-le-feu de longue durée et à continuer les tirs missiles, Israël a décidé d’utiliser la manière forte et dissuasive en renouant avec les assassinats ciblés. L’armée ne peut procéder à ce genre d’opérations qu’après l’accord du gouvernement qui s’appuie sur une commission où les chefs sécuritaires et un représentant du ministère de la justice jouant le rôle d’avocat de la victime doivent approuver le choix de la cible. La démocratie en Israël est ainsi faite que le gouvernement se doit de respecter la procédure.



Utilisation mondiale courante


          Israël n’est pas seul à utiliser ces méthodes puisque les États-Unis et la Russie ont en fait une utilisation courante. L’ONU a défini ces assassinats comme «l’utilisation intentionnelle, préméditée et délibérée de la force létale, par un sujet de droit international, c’est-à-dire par les États ou leurs agents agissant sous couvert de la loi, ou par un groupe armé organisé dans un conflit armé, et dirigée à l’encontre d’une personne individuellement sélectionnée n’étant pas sous la garde physique de l’agresseur». 


          En tant de paix le droit international interdit à un gouvernement d’utiliser la force létale. En temps de guerre, comme c’est le cas aujourd’hui avec Gaza, aucune contrainte juridique ne s'oppose à l’élimination de combattants ennemis ou de terroristes surtout quand ils peuvent potentiellement tuer. Tous ceux qui ne portent pas d’uniforme et qui se confondent avec la population civile, mais commettent des actes de violence, légitiment donc le droit à une réponse militaire. Pour Israël, la lutte contre le terrorisme est considérée comme un conflit armé et donc l’acte terroriste comme un acte de guerre même s’il est pratiqué par un civil. 

        L’identification des cibles d’assassinats repose essentiellement sur les services israéliens de sécurité, intérieur le Shabak et extérieur le Mossad, mais elle est très encadrée, en particulier pour éviter les dommages collatéraux comme la mort de proches du terroriste.
Abou Jihad et Arafat


          Ce fut d’ailleurs le cas à Tunis le 15 avril 1988 contre le leader palestinien Khalil Al Wazir, alias Abou Jihad, qui avait fondé l’OLP avec Yasser Arafat. Abou Jihad était accusé d'avoir mené une série d'attaques meurtrières contre des civils israéliens, notamment celle contre un bus israélien en 1978 qui avait fait 38 morts. Un couple en vacances s’était approché de sa villa. L’homme portait une boîte de chocolats contenant un pistolet muni d’un silencieux. En fait il s’agissait du commandant israélien Nahoum Lev, entré en Tunisie avec un faux passeport libanais. Derrière la femme se cachait un soldat déguisé. Lev avait abattu un gardien d’une balle dans la tête tandis qu’une autre équipe éliminait un jardinier et l’autre gardien. Abou Jihad était en train d'écrire lorsqu'il avait entendu que sa porte d'entrée était forcée. Il n’a pas eu le temps de prendre son pwistolet car les deux Israéliens le criblèrent de balles devant sa femme et deux de ses enfants qui, eux, ont été épargnés.

Actions acceptables

Barghouti chef des Tanzims et Arafat

Pourtant la mort d’innocents est jugée acceptable et légale si elle permet de sauver d’autres innocents. En Israël la Cour suprême a autorisé les assassinats ciblés contre les membres du Hamas et du Hezbollah qui sont à ses yeux des terroristes. Israël a officialisé les assassinats ciblés dès 1999  pour convaincre les  milices de Yasser Arafat, les Tanzim, de cesser de tirer sur les habitants des implantations de Cisjordanie et de Gaza. 
Salah Schéhadé

Les assassinats ciblés ont toujours concerné uniquement de hauts cadres terroristes et jamais les dirigeants politiques. Ils se sont multipliés avec l’audace de plus en plus meurtrière des membres du Hamas. Ainsi en 2002, des avions de combat F-16 ont bombardé la maison du commandant militaire du Hamas, Sheikh Salah Schéhadé, située dans la ville de Gaza, mais n’ont pu éviter de toucher une dizaine de Palestiniens, victimes collatérales.
Ahmed Yassin

En 2004, le dirigeant spirituel du Hamas, Sheikh Ahmed Yassin, a été tué par le tir d'un hélicoptère de combat. Le premier ministre israélien Ariel Sharon avait estimé qu’Ahmed  Yassin, bien qu’invalide, était le «cerveau du terrorisme palestinien»
L’adjoint au commandant militaire du Hamas, Kamal Hussein Ghannaja, connu sous le nom de Nizar Abu Moudjahid, a été abattu à Damas, le 27 juin 2012 sans que l’on sache si Israël ou le régime d'Assad était derrière l’opération. Il était le bras droit de Mahmoud Al-Mabhouh tué dans une chambre d’hôtel à Dubaï en 2010 mais Israël n'a jamais confirmé ou nié toute implication dans ce meurtre.
Ahmed  Jabari à la droite de Guilad Shalit

Le 14 novembre 2012, le chef militaire du Hamas avait été mortellement touché par une frappe aérienne israélienne. Ahmad Jabari, responsable de la branche armée des brigades Ezzedine Al-Qassam, est mort dans son véhicule. Il était le numéro deux de l'aile militaire du Hamas, adjoint de Mohamed Deif souffrant de multiples infirmités, mais faisait figure depuis 2002 de chef opérationnel de la branche militaire du Hamas.

Reprise des éliminations


Abou Shmallah à gauche et Al-Atar

L’intensification des tirs de missiles depuis Gaza ont poussé le gouvernement à autoriser l’élimination de trois commandants de la branche armée du Hamas dans un raid de l'aviation israélienne, le 21 août sur Rafah, dans le sud de la bande de Gaza. Les Brigades Ezzedine al-Qassam, qui ont confirmé cette action, ont publié les noms des trois victimes : Mohammed Abou Shmallah, Raëd al-Atar et Mohammed Barhoum. Ce raid intervient  après la frappe contre le chef d'al-Qassam, Mohammed Deif, dont on ignore le sort définitif. Al-Attar était commandant de la division de Rafah tandis qu’Abu Shmallah et Mohamed  Barhoum faisaient partie de la division du sud.
Al-Attar

Al-Attar et Abou Chamala ont été impliqués dans la planification et l’enlèvement du soldat Gilad Shalit. Al Attar a été par ailleurs responsable de la construction des tunnels au sud de la bande. Il s’est distingué en créant l’unité d’élite Nukba, chargée d’organiser la contrebande d’armes au nord Sinaï. Il était derrière une série d'attaques terroristes au cours des dernières années, ayant fait au moins trois morts parmi les soldats de Tsahal. Il était considéré comme l’adjoint d’Ahmed Jabari et le remplaçant putatif de Mohamed Deif à sa disparition.
 Abu Shmallah dirigeait la zone de Rafah et de Khan Younes. Il était à l’origine de la mort d’un officier de Tsahal et de six soldats en 2004. Par ailleurs il avait organisé le commando de 13 terroristes qui avait essayé, le 17 juillet,  de rejoindre le kibboutz Sufa en passant par un tunnel creusé à partir de Gaza. L'armée israélienne l'avait intercepté en tuant l'un de ses membres tandis que les autres rebroussaient chemin.
Leaders du Hamas éliminés


Israël espère que le Hamas comprendra le message de ces éliminations ciblées, entre autres celui de l’impasse dans laquelle il se dirige s’il persistait dans le lancement de missiles vers le sud du pays. Il apprendra surtout que Tsahal a le bras long et est bien informé pour réussir à connaitre exactement l’heure et le lieu des déplacements des grands chefs militaires islamistes. Mais ce qui parait logique pour le commun des mortels n’est pas forcément intégré dans l’esprit de ceux qui persistent à vouloir, en vain, éradiquer Israël. 

Aucun commentaire: