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samedi 18 février 2012

L’HOMME-CLÉ DE L’ÉQUIPE DE CAMPAGNE DE SARKOZY


L’HOMME-CLÉ DE L’ÉQUIPE DE CAMPAGNE DE SARKOZY

Par Jacques BENILLOUCHE
               
Patrick Buisson

L’ÉTRANGE MONSIEUR BUISSON


Ce n'est plus une rumeur : Patrick Buisson a bien enregistré Nicolas Sarkozy lors de réunions à l'Elysée. Les extraits d'un enregistrement effectué à l'insu de l'ancien président ont été publiés dans la presse.        
Nicolas Sarkozy, enfin candidat, a choisi lui-même son équipe de campagne resserrée. Certaines personnalités sont certes déjà connues, mais l’une d’entre elles, qui a toujours officié dans l’ombre comme conseiller à l’Élysée, en tant que maitre des sondages et expert en médias, a un passé revendiqué dans l’extrême-droite. Encore aujourd’hui, il est à l’origine de la droitisation du programme du candidat qui recherche ouvertement les voix de Front national, après avoir pillé certains de ses thèmes porteurs.
La garde rapprochée de Sarkozy
Patrick Buisson, journaliste, avait rejoint en 1981 l'hebdomadaire d'extrême-droite «Minute», pour se spécialiser dans les articles contre les «socialo-communistes». Il en profite pour décrire l’ascension politique de Jean-Marie Le Pen avec beaucoup d’indulgence, pour ne pas dire de lyrisme.

Il a produit en 1984 avec Alain Renault, ancien secrétaire national du Front national,  François Brigneau et Roland Gaucher «l’Album Le Pen» qui magnifie la personnalité et les projets du président du FN. François Brigneau, de son vrai nom Emmanuel Allot, journaliste, écrivain, éditeur et militant d'extrême droite français, s’était orienté vers la Collaboration durant la Seconde Guerre mondiale et n’avait pas caché son admiration pour Robert Brasillach, fusillé pour faits de collaboration et rencontré à la prison de Fresnes. Au lendemain du débarquement allié en Normandie, il s’était engagé dans la Milice. Roland Gaucher, de son vrai nom Roland Goguillot,  homme politique, journaliste et écrivain nationaliste français, avait commencé sa carrière à l'extrême gauche comme membre du groupuscule trotskyste, Fédération des étudiants révolutionnaires. Mais il devint l’un des fondateurs, en octobre 1972, du Front national.
Patrick Buisson n’avait pas caché ses sympathies pour l’OAS (Organisation de l’Armée Secrète, qui s’était opposée à l’indépendance de l’Algérie par des actions terroristes en France et en Algérie. Il ira jusqu’à rédiger avec Pascal Gauchon un ouvrage à la gloire de  cette organisation [1]. Pascal Gauchon, membre d'Ordre nouveau, s'associa en juin 1974 à la création du PFN (parti des forces nouvelles) avec François Brigneau, Jean-François Galvaire, Roland Gaucher, Jack Marchal et Alain Robert. Il devint secrétaire général du PFN, mouvement d'extrême droite, de 1974 à 1981.

De 1976 à 1978, Patrick Buisson a collaboré à la revue « Item » qui «se veut un instrument de réflexion pour lutter contre le terrorisme intellectuel de la gauche». La revue donne la parole aux anciens collabos, aux membres du FN et aux amis politiques de Jean-Marie Le Pen. Il développe les thèmes traditionnels de l’extrême-droite et des pétainistes : l’ordre, la morale, la tradition. Il y écrit notamment [2] : « Le seul Ordre qui vaille et qui dure implique un retour à la valeur qui met l'inégalité au service de l'unité et à laquelle les hommes s'épurent et se mesurent. Une société saine assoit sa hiérarchie sur des inégalités fonctionnelles résultant de différences naturelles. Purifier l'ordre social par les forces qui lui sont extérieures, c'est-à-dire reconstruire une société où les rapports et les hiérarchies s'enracinent dans la nature et s'élèvent jusqu'à Dieu. »
Le message de Nicolas Sarkozy est clair. En plaçant au sommet de son équipe de campagne un expert qui a flirté avec des militants et des organisations antisémites, il montre que tous les moyens sont bons pour garantir sa réélection et précise l’orientation droitière qu’il compte donner à sa campagne. Tout est bon pour attirer à lui les voix de Marine le Pen, quitte à s’entourer de tous les gourous qui ont fait les beaux jours de son père. Mais il joue avec le feu car, en tant que candidat prônant des idées d'extrême-droite, il risque de pousser de nombreux électeurs à choisir l'original plutôt qu'une pâle copie et à voter pour Marine Le Pen. La politique a des raisons que la raison ignore.  


 [1] « OAS. Histoire de la résistance française en Algérie », par Patrick Buisson et Pascal Gauchon, 1984.
[2] « Ordres nouveaux, nouveaux désordres », Patrick Buisson, revue "Item" mars-avril 1976.

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