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mercredi 29 août 2012

ARAFAT : QUESTIONS SUR UNE MORT CONTESTÉE


ARAFAT : QUESTIONS SUR UNE MORT CONTESTÉE

Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps


Arafat et sa femme souha


La justice française, à la demande de Souha Arafat, a ouvert le 28 août 2012 une enquête pour déterminer si Yasser Arafat a été assassiné, après des découvertes laissant penser que le dirigeant historique palestinien, mort en 2004 en France, pourrait avoir été empoisonné. Cette décision de la veuve d’Arafat de porter plainte laisse perplexe et soulève de nombreuses questions qui ne cessent d’étonner.


Secret-défense


Hôpital Percy

Arafat est mort dans l’hôpital militaire français Percy, réputé pour son sérieux et son professionnalisme. Bien que les causes réelles de sa mort étaient obscures, la veuve et le neveu d’Arafat ont refusé de rendre public le dossier médical qui a été classé secret-défense en France à la demande des palestiniens. On ne comprend donc pas les motivations nouvelles qui les poussent à réclamer, huit ans après sa mort, une autopsie qu’ils ont refusée à l’époque.
Son médecin personnel, Achraf al-Kurdi, qui le suivait depuis vingt-cinq ans et qui n'avait rien décelé d'anormal dans son sang, s'est plaint d'avoir été tenu à l'écart après le transfert d'Arafat à Paris. Si l’on cherchait à cacher quelque information, on ne s’y serait pas pris autrement. Même Saeb Erekat, conseiller principal et bras droit d’Arafat, a déclaré ne pas avoir vu les dossiers médicaux. Le flou qui a été imposé autour de cette mort donne à penser que les causes n’étaient pas avouables.
Arafat et Ashraf Al-Kurdi
Il est étonnant que, pour un personnage public de cette dimension dont les causes de la mort ont été contestées, les prélèvements d'urine et de sang aient été détruits par l’hôpital et que seuls les documents détaillant les résultats des analyses aient été archivés.
Causes douteuses


Le docteur Jean-Yves Nau du site Slate a analysé une partie du dossier médical de Yasser Arafat, établi le 14 novembre 2004. Il nous apprend que les symptômes de nausées, de vomissements, de douleurs abdominales sans fièvre, de diarrhées et de troubles de la coagulation sanguine, se sont déclenchés le 12 octobre, quatre heures après le repas du soir. 
Si un empoisonnement avait été programmé, l’auteur ne peut donc être que de l’entourage immédiat du président et il devait certainement disposer d’expertise pour ne diffuser le poison que dans les uniques aliments ingurgités par Arafat qui n’était pas seul à partager le repas du soir. Cette thèse impliquerait l’existence d’une taupe au sein de la direction palestinienne, disposant de techniques médicales, agissant soit sous les ordres du Mossad soit à l’initiative d’un groupe de palestiniens intéressés à l’élimination du leader. 
Le fantasme du Mossad qui a le bras long et qui est capable d’agir à distance ne tient pas la route dans ce cas de figure. Lors de l’empoisonnement de Khaled Mechaal, deux agents du Mossad se sont déplacés en Jordanie pour lui injecter une seringue de poison. Ce serait étonnant ou dramatique pour les palestiniens que le Mossad ait pu être aux côtés d’Arafat lors de ce dîner fatal. Cela jetterait une suspicion totale sur tous les collaborateurs palestiniens accusés d’être des agents israéliens.
Les palestiniens sont persuadés que Yasser Arafat a été empoisonné au polonium 2010, élément radioactif extrêmement volatil qui se désintègre en émettant un rayonnement contagieux. Or compte tenu de sa très forte radioactivité, personne de l’entourage d’Arafat ne semble avoir souffert des conséquences d’un tel empoisonnement par cette matière rare fabriquée à quelques centaines de grammes dans le monde.
Voile pudique

Souha Arafat

La motivation de la famille Arafat pourrait se trouver ailleurs, dans une volonté de diriger les regards vers d’autres horizons et de mettre un voile pudique sur la fortune de la veuve. Dans le dernier classement des fortunes mondiales publié par «Forbes», elle pointe à la sixième place de la catégorie «rois, reines et despotes», juste derrière la reine d'Angleterre. Le magazine américain, qui a réalisé un inventaire approximatif de ses comptes en banque et de ses participations, estime son patrimoine à «au moins 800 millions de dollars»
Les services secrets israéliens évaluent pour leur part les avoirs du chef de l'OLP à 1,3 milliard de dollars alors qu’il avait débuté sans le sou comme ingénieur civil au Koweït dans les années 1950. L’origine de cette fortune reste donc suspecte au moment où Salem Fayyed a besoin de 200 millions de dollars pour boucler son budget annuel.  
Les palestiniens n’avaient pas apprécié que Souha Arafat, qui résidait à Paris, n’ait jamais rendu visite à son mari alors qu’il était reclus pendant trois ans à la Mouquata. Elle a toujours été critiquée pour son train de vie à l’origine de soupçons de malversations. La Tunisie où elle a longtemps vécu avait d’ailleurs  émis un mandat d’arrêt international contre elle ce qui l’a poussée à s’exiler à nouveau. 
Souha Arafat et Leila ben Ali

En 2003 la France l’avait suspectée de blanchiment d’argent sur ses comptes bancaires français car plus de 9 millions d'euros ont été transférés sur son compte parisien depuis la Suisse. A la mort du leader, elle s'est mise sous la protection du couple Ben Ali qui lui a donné la nationalité tunisienne en 2006. Mais le divorce avec la Tunisie aura lieu le 2 août 2007 et la forcera, à nouveau, à s’exiler à Malte. Des questions d’argent avec Mme Ben Ali ont justifié ces désaccords.
Il ne faudrait pas voir dans cette nouvelle démarche une recherche de vérité. L’analyse des causes de la mort d’Arafat vient à point nommé pour redonner du lustre à une femme tombée en disgrâce mais assise sur un tas d’or qui, dans son exil maltais, ne lui permet pas de mener la vie people qui lui sied mieux que la vie à Ramallah où elle aurait dû finir sa vie auprès de la tombe de son époux. 
Tombe d'Arafat à ramallah
Mais il y a peu de chance que l’Autorité palestinienne autorise le transfert du corps d’Arafat hors de Ramallah et encore moins qu’Israël aide aux détails matériels de ce transfert. Le porte-parole du ministère israélien des affaires étrangères, Yigal Palmor, a déclaré que : «Israël n'est pas concerné par cette enquête malgré des accusations farfelues portées contre nous. Il faut espérer que cette enquête fera toute la lumière sur cette affaire. 

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